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Développement local à Testour: un projet tant attendu


La municipalité devrait inviter les jeunes à créer de petits projets basés sur la valorisation des déchets. L’économie sociale et solidaire, au vrai sens du terme. Le maire de Testour est confiant et reconnaissant à l’initiateur du projet, Mohamed Ferchichi : «A travers ce projet, j’ai l’impression que je suis en train d’accomplir un devoir envers ma ville natale ».


A peine deux ans, bon nombre de nos conseils municipaux n’arrivent même pas à digérer leur crise qui les divise. Et parfois, ils ont fini par rendre le tablier. Certains sont beaucoup plus soudés, braqués sur l’intérêt de leurs communes respectives. C’est le cas de Testour, où ses édiles font de leur mieux, afin que toute proposition citoyenne tienne la route. Il n’y a pas si longtemps, l’idée d’un projet de gestion intégrée des déchets semblait faire son chemin. Et c’est grâce à l’initiative de l’Association franco-tunisienne des Pyrénées-Atlantiques (Afraht 64) qu’elle prend, aujourd’hui, corps, et ce en vertu d’un accord de jumelage entre Testour et Lescar. Association dont le président, M. Mohamed Ferchichi, est l’une de nos compétences vivant à Pau, en France, qui a voulu rendre service à Testour, en signe de reconnaissance à sa ville natale.

Cela s’inscrit dans le cadre d’une coopération décentralisée tuniso-française, engagée pour aider la commune dans ses premiers pas sur la voie du pouvoir local. En fait, valoriser les déchets de la cité puise bel et bien dans la propreté de cette région aussi antique qu’authentique. Son développement durable vient ainsi en tête des défis à relever. Son aspect esthétique s’avère aussi de mise. Visionnaire, son maire, M. Mohamed Mansi, agit en  stratège aguerri. Il voudrait ériger Testour en véritable pôle dynamique, une ville fière de son histoire plurimillénaire et de son patrimoine andalou à fort potentiel culturel. «La valorisation de son attractivité lui a valu d’être, aujourd’hui, une destination touristique privilégiée, comme l’avait déjà annoncé, en juillet dernier, le ministre du Tourisme.. », argue-t-il. Un témoignage qui, à ses dires, lui a fait beaucoup d’honneur. Mais, on ne peut guère se contenter de l’offre touristique sans la demande de propreté et d’un cadre de vie digne de ce nom. Joindre l’une à l’autre n’est pas aussi difficile. Ce à quoi s’en tient la commune de la région. D’autant qu’un tel projet de gestion intégrée des déchets tire sa légitimité d’un rêve communal collectif, selon un des membres du conseil municipal. L’annonce de sa mise en place a fait l’objet d’une réunion préparatoire qui vient d’avoir lieu au siège de la municipalité concernée. Réunion à laquelle ont également pris part des experts français, ceux qui sont chargés de défricher le terrain et faire le diagnostic qu’il faut. D’après eux, les objectifs seront atteints d’ici décembre prochain. D’où il y aura encore du chemin à faire. Car « Testour ne pourra jamais se développer si on ne s’intéresse pas à sa propreté », insiste un technicien du côté tunisien.

L’utilité de l’inutile

Tout se passe sous l’égide du maire de la ville. Cette commune andalouse de 13 mille habitants aura, prochainement, son propre système de collecte, de tri et de valorisation des déchets. Il pourra ainsi être une plateforme de traitement qui servira tout le gouvernorat de Béja. « Valoriser les déchets est une solution intéressante, génératrice d’emplois », affirme l’ancien ministre de l’Environnement, sous le règne de Ben Ali, Nadhir Hamada, aujourd’hui chef du bureau d’études chargé du projet. « L’étude du projet telle qu’a été présentée par nos amis de Pau, on l’a déjà validée. D’ailleurs, il n’y a pas de différence sur le concept et la qualité de traitement des déchets», assure-t-il. A ce niveau, il n’y a pas trente-six solutions. Car, détaille-t-il, la particularité de ces déchets, c’est qu’ils contiennent 70% de matières organiques et 65% d’eau. Donc, a-t-il encore précisé, pour les traiter, il y a deux grands axes : la valorisation ou l’incinération. Celle-là n’a plus cours en Tunisie, car pour incinérer ces déchets, il faut, préalablement, les déshydrater. Ce qui nécessite trop d’énergie pour les assécher. Du reste, la solution d’incinération semble, à l’en croire, beaucoup plus coûteuse que celle biologique (la valorisation). L’homme sait bien de quoi il parle. Valoriser, c’est, avant tout, collecter, trier et traiter. Et M. Hamada de souligner qu’il n’y a pas mal de filières à valoriser, tels le plastique, les piles, les batteries, les huiles usagées… L’utilité de l’inutile, en quelque sorte. Il a toujours dit que ces déchets sont devenus une source de richesse, voire d’emplois. Les experts français y voient, eux, un gage de succès. Cela nous amène à dire que le projet pilote de gestion intégrée des déchets à Testour sera un filon pour la région. Un projet auquel adhère la représentante de l’ambassade de France à Tunis qui était aussi présente à la réunion. «On est là, on sera à vos côtés pour tous les besoins de suivi et d’accompagnement», promet-elle.

La municipalité devrait, si volonté il y a, inviter les jeunes à créer de petits projets basés sur la valorisation des déchets. L’économie sociale et solidaire, au vrai sens du terme. Ce en quoi M. Mansi est confiant. A l’initiateur du projet qu’est M. Ferchichi, il est aussi reconnaissant. «A travers ce projet, j’ai l’impression que je suis en train d’accomplir un devoir envers ma ville natale », déclare le président de l’Afraht 64.

Kamel Ferchichi

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